Il comporte 3 volets, 3 sous-projets, qui s’interpénètrent et s’alimentent les uns les autres. D’une part, celui sur la compréhension de textes en néerlandais. D’autre part, celui sur le développement d’un outil numérique pour améliorer et consolider la compétence orthographique en français. Et enfin, un projet mené conjointement portant sur le lien entre la maitrise des notions grammaticales françaises et la compréhension de textes en néerlandais. Les deux premiers projets, même s’ils sont menés individuellement, se situent sur des voies parallèles : utilisation d’un même outil (Moodle) et échange de ressources bibliographiques, documentaires, techniques ainsi que d’expérimentations. Le troisième, quant à lui, résulte d’un véritable travail collaboratif.
Aujourd’hui, l’usage de l’écrit ne cesse de croître. Les dispositifs de communication numérique écrite sont de plus en plus nombreux : courrier électronique, forum de discussion, chat, messagerie instantanée, sms, blog, plateformes de réseaux sociaux, etc. (Maroccia, 2016), rendant la maitrise de l’écrit indispensable. Il en va de même dans les organisations professionnelles. Selon Moatty et Rouard (Moatty & Rouard, 2010), plus d’un tiers des salariés passent au moins un quart de leur journée de travail à rédiger. Ces chercheurs ont montré l’importance des activités de lecture et d’écriture au travail et les problèmes de formation des salariés inhérents à ces activités (Moatty & Rouard, 2009).
La compréhension et la production écrites sont deux compétences clés où la “non-maitrise” s’avère stigmatisante, discriminante tout au long de la scolarité, puis plus tard dans la vie professionnelle et même privée et affective (insécurité linguistique). C’est pourquoi elles doivent occuper une place primordiale dans la formation professionnalisante des futurs bacheliers dans les sections économiques qui nous concernent.
Une étude empirique récente du CNRS, intitulée « Faut-il encourager les étudiants à améliorer leur orthographe ? » (Bellity et al., 2016), a démontré l’impact de la maitrise de la langue française sur la réussite à l’Université. Cette recherche met également en évidence la pertinence des plateformes en ligne comme outil d’entrainement.
Or, le développement, en français et en néerlandais, de ces outils numériques que constituent les plateformes est au coeur de notre recherche appliquée. En ce qui concerne le dispositif pour améliorer et consolider la compétence orthographique en français, il est en phase de conception. Il est centré sur le feed-back et comporte plusieurs types de ressources et d’exercices (notions cliquables,
mindmaps, vidéos, dictées interactives…). Un premier test auprès de petits groupes d’étudiants est en cours et permettra de réguler l’outil avant de pouvoir le tester sur un plus grand nombre d’étudiants afin de recueillir et analyser les données : résultats, pertinence des types de questions choisis, utilisation des ressources, etc.
Le français et le néerlandais étant deux langues indo-européennes avec une même classification dans la nature des mots, un transfert au moins partiel devrait pouvoir s’opérer dans la connaissance de la nature des mots et de leur emploi du français, considéré comme langue maternelle, vers le néerlandais, langue étrangère. Ce transfert ne suffirait sans doute pas à résoudre tous les problèmes ni à corriger toutes les erreurs, car si la nature des mots dans les deux langues présente beaucoup de similitudes, les différences sont bien présentes.
En d’autres termes, dans ce 3
e volet, il s’agit de mettre l’accent sur la situation de chaque discipline et poser comme un préalable à la réussite des apprentissages que les étudiants puissent les aborder dans une perspective de décloisonnement et comprendre les rapports effectifs que les disciplines entretiennent entre elles. C’est d’ailleurs cette posture que Michel Candelier pousse à adopter. En effet, pour lui, enseigner une langue implique de prendre en compte l’ensemble des compétences linguistiques des apprenants, afin de les aider dans la mise en relation entre cette nouvelle langue et les autres (Candelier, 2016). Il recommande de favoriser le développement de compétences plurilingues, de construire une compétence métalinguistique globale, à laquelle diverses matières linguistiques sont conviées.
A ce stade de la recherche, la méthodologie à adopter pour l’expérimentation (phase 3) est en cours d’élaboration. En effet, si le modèle pré-test/post-test avec deux groupes, un groupe contrôle et un groupe test (sujets choisis au hasard) est le plus pertinent pour obtenir des résultats valides, il est aussi extrêmement complexe à mettre en place. C’est la raison pour laquelle d’autres pistes sont actuellement étudiées afin de parvenir à concrétiser cette troisième phase de la recherche.
Références
Bellity, E., Gilles, F., l’Horty, Y., & Sarfati, L. (2016).
Faut-il encourager les étudiants à améliorer leur orthographe? 46.
Candelier, M. (2016). Activités métalinguistiques Pour une didactique intégrée des langues.
Le français aujourd’hui,
192(1), 107‑116. Cairn.info. https://doi.org/10.3917/lfa.192.0107
Moatty, F., & Rouard, F. (2009). Lecture et écriture au travail : Les enjeux en termes de formation et de conditions de travail.
Formation emploi,
106(2), 59‑73. Cairn.info.
Moatty, F., & Rouard, F. (2010). L’écrit au travail et ses déterminants chez les salariés en France en 2005.
Travail et emploi,
122, 39‑52. https://doi.org/10.4000/travailemploi.1555