Parcours d'Alumni - Elvire Geuzaine

Pour clôturer l’année, c’est le parcours d'Elvire Geuzaine, diplômée Assistant.e Sociale en 2017 à HELMo ESAS qu’HELMo Alumni retrace. 

Elvire nous raconte avec enthousiasme ce qui l’a guidée dans son choix d’études, les défis qu’elle s’est fixés malgré son handicap et ses premières expériences dans le monde professionnel. Une belle leçon de vie inspirante.

Parcours d’étude

Originaire de Blegny, c’est à l’IPH à Herve qu’Elvire termine ses secondaires dans l’option Techniques sociales, en qualification technique. Elle choisit cette option car elle aime le contact avec les gens et les questions en lien avec le droit et la psychologie. Elle réussit bien ses secondaires et a envie de poursuivre ses études.

Pour l’aider à s’orienter, elle rencontre une conseillère d’orientation de l’ULiège car elle hésite entre la faculté de Droit et de Psychologie. Après un échange approfondi et un bilan, elle s’oriente finalement vers les études d’Assistant.e Social.e qui allient ces deux aspects.

Consciente de ses difficultés motrices liées à son handicap (Elvire est née prématurément), Elle souhaite mettre toutes les chances de son côté pour relever ce nouveau défi. Elvire a aussi besoin de concret. Elle consulte le site de HELMo et décide de se rendre aux portes ouvertes. Lors de sa visite à HELMo ESAS, elle ressent « de bonnes ondes » et est bien accueillie. Elle se souvient de sa première rencontre, avec Monsieur Somzée (enseignant) qui la reçoit et la met en confiance. Elle décide de s’y inscrire.

La révélation

« Je ne l’ai pas regretté », explique Elvire... « J’y ai vécu les plus belles années de ma vie ! », enchérit-elle.

Le premier jour est difficile car Elvire est inquiète du regard des autres sur son handicap mais elle sait que ses études « vont l’aider à devenir qui elle veut ». Elle passe donc la porte anxieuse mais dès le premier jour, elle est rassurée par la bienveillance des enseignant.e.s et des étudiant.e.s. Elle rencontre Jessica qui deviendra l’une de ses meilleures amies. Puis d’autres étudiant.e.s avec qui elle lie de forts liens d’amitié.

« Les cours étaient taillés pour moi car axés sur le contact », explique-t-elle. « Les personnes qui sont à HELMo ESAS ont une vision du monde magnifique et les enseignants m’ont donné les mêmes chances de réussir qu'aux autres étudiant·e·s», confie-t-elle. « L’équipe pédagogique applique les règles du décret Inclusion et va plus loin, cherchant la meilleure manière de répondre aux exigences de la formation tout en trouvant des solutions pour permettre les apprentissages. Je me suis sentie accueillie et à ma place ».

Elle apprécie en particulier les cours de Monsieur Istasse, « passionné et passionnant dans sa façon d’aborder le cours de déontologie et celui d’éléments d’analyses organisationnelles ». Les cours de "sociologie de la déviance" et de "sociologie des organisations" dispensés par M Megherbi lui plaisent particulièrement.

Ses stages 

Elvire réalise ses stages d’abord en Maison de repos (bloc1), puis dans une entreprise de travail adapté (bloc2) et enfin chez Altéo (bloc3). Elle oriente ses choix de stage en prenant en compte l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite. Elle sait qu’elle a beaucoup de choses à y apprendre tant de la part des bénéficiaires que des travailleurs sociaux. Parfois, elle rencontre des périodes de doute lié à son handicap mais chaque fois, elle est encouragée dans ses démarches par ses enseignants et elle s'accroche : « On a adapté le programme pour moi, je ne peux pas laisser tomber ! ».

Si elle admet rencontrer des difficultés dans la pratique, son point fort reste la relation de confiance qu’elle parvient très rapidement à établir avec le bénéficiaire. Elle se dit qu’effectivement, elle peut apporter quelque chose à l’autre. Ses enseignant·e·s la rassurent en lui disant « Tu ne sais peut-être pas écrire avec tes mains, mais tu sais quoi écrire et c’est le plus important ». Cela renforce sa confiance en elle.

Premières expériences professionnelles

En 2017, Elvire est diplômée. Elle est fière de son parcours et en même temps elle est triste de quitter « son petit paradis ». Elle n’a pas envie que cela s’arrête mais elle a la chance de trouver rapidement un emploi de remplacement comme « Conseillère en orientation » à l’AVIQ. Premier contact avec les bénéficiaires, elle analyse leur demande et les oriente au mieux vers les personnes adéquates. Elle apprécie beaucoup ce travail et les collègues qui l’entourent, toujours avec bienveillance.

Après ce remplacement d'un an, Elvire occupe son temps en donnant des cours de karaté en fauteuil. Elle y mixe ses compétences pour le sport et l’aspect social.
Elle recherche aussi du travail et est embauchée durant un an à l’ONEM où elle effectue principalement des tâches administratives. Mais il lui manque le contact avec les gens et Elvire n’y trouve pas sa place.

Elle rêve d'enseigner à HELMo ESAS et décide d’entreprendre en 2019 un Master en criminologie pour suivre cet objectif. Au même moment, elle est rappelée par l’AVIQ car la place occupée précédemment se libère. Elle n’hésite pas une seconde et accepte le mi-temps qu’on lui propose. Elle négocie conjointement un étalement de son Master, « J’ai commencé, je veux finir », explique-t-elle.

Aujourd’hui, « son travail, c’est toute sa vie », raconte Elvire. Elle a de bons contacts avec ses collègues et aime la relation avec les bénéficiaires. Elle s'y sent valorisée. « La boucle est bouclée, je suis arrivée où je voulais arriver », confie Elvire.

Actuellement, Elvire explique que la direction et les enseignant.e.s de HELMo ESAS sont toujours disponibles pour l’aider à surmonter ses doutes et lui permettre de modifier sa perception des choses.

Parallèlement, elle pratique toujours le karaté en fauteuil, la natation adaptée et le Baskin (du basket inclusif pour personnes valides et non valides). « En filigrane, il y a toujours le social », explique Elvire.

Un conseil aux futur.e.s étudiant.e.s?

« Il n’est jamais facile de trouver sa voie. Ce n’est pas grave de se tromper... Il est essentiel de prendre le temps de trouver où on se sent bien ».Elle conclut par une citation d’Albert Einstein qui lui tient à cœur : "Tout le monde est un génie. Mais si vous jugez un poisson à sa capacité à grimper à un arbre, il vivra toute sa vie en croyant qu'il est stupide."